Vous ne le savez sans doute pas… mais la corde… c’est pour votre nuque.
Un lecteur écrit au sujet du trumpisme douanier :
A court terme, pas d’impact sur les quantités. A long terme, par contre, ça laisse le temps de construire des usines intramuros, payer des taxes n’étant pas un objectif en soi. La mondialisation s’affaiblit. C’est un fait.
Absolument.
Il s’agit bien d’une attaque EN REGLE contre la mondialisation, sous l’angle géopolitique.
Qui peut nier que l’Occident a FINANCE le développement ahurissant de la Chine depuis un quart de siècle (son entrée dans l’OMC date de 2001) ?
Ce sont bien nos chômeurs, la fraude fiscale de nos grands groupes, leur vision court termiste et la destruction de notre industrie qui ont REALISE CE MIRACLE !
(avec également l’intelligence et le travail des Chinois, il ne faut ni les sous-estimer, ni les mépriser).
Miracle qui bien entendu se retourne contre nous.
La mondialisation a desservi l’Occident-puissance. Tout mondialiste est par essence un traître (et j’inclus les “libéraux”, parfaits idiots utiles que l’on s’obstine à classer à droite).
Trump est le premier politicien américain à avoir compris les enjeux, la dynamique suicidaire et à dire “stop”.
Et nous aimons le détester pour cela…
Il remet de la politique là où les abrutis ne voient que des affaires d’argent, de “développement“, et de “sortir des millions de gens de la pauvreté” (la phrase en toc de tous les veaux hypnotisés).
Reformulons : qui peut être assez TARE pour financer directement… le développement de ses ennemis ?
Réponse : l’Occident. 😉
Pire encore : ce mouvement est double.
la Chine s’enrichit, se renforce,
et en même temps l’Occident s’appauvrit, s’affaiblit.
Ils montent et nous descendons. Ce n’est pas du tout un jeu à somme nulle.
Parfaite incarnation si j’ose dire du piège de Thucydide.
Mais le plus fou est que 25 ans après… les gens ne comprennent toujours pas.
Rappelons qu’il y a un siècle, Lénine a écrit (en tout cas on lui attribue cette citation) :
“Les capitalistes nous vendront la corde avec laquelle nous les pendrons“.
Belle fulgurance historique. Superbe lucidité (quant aux contradictions internes du capitalisme). Et une compréhension au scalpel de la nature humaine.
Mais les Chinois ont su transformer cette fulgurance en pur génie… en substituant un seul mot.
Voici un économiste “libéral” qui pense tout savoir… sans rien comprendre.
Depuis que Trump a annoncé ses taxes douanières… les gauchistes et les pseudos libéraux mous de la matière grise se moquent de lui. Car il commet un énième crime de lèse-pensée en affirmant que ce sont les exportateurs qui vont “payer” les taxes.
A l’unifion (unisson est trop galvaudé, alors “unifion”), ils croâssent : “Trump est idiot, ce sont les consommateurs qui payent les taxes douanières, tout le monde sait cela“.
Vous savez déjà ce qui manque à la fin : “prout“… voire “nananananèèèèèèèère“.
Sauf que les dernières statistiques démontrent que Trump… a raison.
Aïe.
Ca pique.
Trump dit vrai car les vendeurs en réalité BAISSENT LEURS PRIX… afin de COMPENSER… la hausse des taxes.
Et voilà pourquoi… il n’y a pas d’inflation aux Etats-Unis (contrairement à ce que prévoyaient les sots savants, dont le premier d’entre-eux, Jerome Powell le patron de la FED).
En mai, les importations de véhicules japonais aux Etats-Unis ont ainsi chuté de 24,7 % en valeur, mais seulement 3,9 % en volume !
Ergo, ils ont BAISSE LEURS PRIX pour effacer les taxes de Trump.
Le consommateur américain n’y voit donc que du feu (aucun changement pour lui) et les caisses du Trésor US se remplissent…
Trump UNE FOIS DE PLUS avait raison contre tous les sots savants.
Je sais, c’est extrêmement pénible. 😉
Au fond, cette dynamique se comprend aisément : les exportateurs -toutes choses égales par ailleurs- veulent conserver leurs parts de marché, en clair leurs volumes.
A tout prix.
Et il n’y a qu’un seul moyen pour cela face à un Trump en mode Shiva Destructeur de Mondes (2 en réalité, lire plus bas) : baisser les prix à l’exportation pour ne pas violer l’acheteur américain (le plus gros acheteur de la galaxie, rappelons-le).
Je vous conseille de lire la conclusion de l’article de ZeroHedge… Ces gens ont régulièrement des fulgurances… ils prévoient l’avenir d’une manière étonnement précise (un peu comme moi 😉 ).
ZeroHedge annonce ainsi la fin du film pour le Japon…
Eh bien, le coup porté aux bénéfices [des fabricants de voitures] est là, et dans quelques semaines, il se traduira par l’une des plus grandes récessions que le Japon ait jamais connues dans l’histoire moderne, obligeant la Banque du Japon à déployer un plan de relance sans précédent, tout en ramenant les taux à zéro, voire négatifs.
Et puisque Tokyo va de nouveau recourir à la plus vieille ruse du monde, à savoir faire chuter le yen pour compenser les coûts des droits de douane – nous nous attendons à ce que l’USD/JPY atteigne 160 dans les six prochains mois –, Trump est sur le point de se fâcher encore plus contre le Japon et sa monnaie, qui s’effondrera bientôt, et le monde passera alors enfin des guerres commerciales aux guerres monétaires et aux contrôles des capitaux.
Superbe fulgurance… C’est exactement ce qui va se passer car il s’agit de… la nature humaine.
La guerre des devises est désormais une évidence (elle le fut toujours, mais régulièrement niée car trop effrayante)… et elle provoquera mécaniquement des grands bouleversements et le retour probable des contrôles sur les capitaux…
En bref : l’horreur économique. 😉
Comme on dit sur les rives du Potomac : prepare accordingly.
POST-SCRIPTUM
Le Japon est un pays mercantiliste et ce, depuis des décennies. Trump a raison de dire “ça suffit” (il n’est pas le premier président américain à taper du point sur la table contre l’Empire du Soleil Levant… voir les accords du Plaza en 1985… déjà les taux de change, donc les devises).
Le Japon bénéficie d’un surplus commercial vis-à-vis des Etats-Unis de 60 milliards de dollars. Chaque année.
Autant sur la question du riz, Trump se trompe (et puis, il s’agit d’une somme dérisoire)… autant sur le reste, Trump a raison. Il y a des pays parasites qui profitent du privilège impérial des Américains.
Cela peut sembler paradoxal. Qui profite de qui dans un tel système ?
Le paradoxe disparaît à partir du moment où vous comprenez (comme Trump) que l’empire américain… est terminé !
Les Japonais exportent des gazillons de voitures aux Etats-Unis… Et n’en achètent pas une seule à l’Oncle Sam. Pourquoi ? “Parce que c’est de la merde” diraient les Jean-Pierre Coffe aux yeux bridés. C’est assez juste. Ils affirmeraient plutôt : “véhicules ne respectant pas les normes de sécurité japonaises” (on pouffe). Les Européens, les Chinois (bien entendu) font exactement la même chose.
Certes, on voit mal les Japonais au gabarit grain de riz conduire des pickups Ford géants dans les petites ruelles de Tokyo. Mais au-delà, il faut bien appeler un chat un chat voire une chatte : il s’agit de protectionnisme.
Alors protectionnisme pour protectionnisme… la fête est finie.
Un partout la balle au centre.
Trump est en mode Shiva. Il détruit pour créer. Ou plutôt : il détruit le monde pour… sauver les Etats-Unis.
Pékin avec ses gants rouges colle une belle droite à l’Amérique.
La Chine ce n’est pas l’Iran. Ce n’est pas Israël. Ce n’est pas non plus l’Europe (grosse économie, mais zéro pouvoir politique). C’est l’Empire du Milieu… bien décidé à refermer le “piège de Thucydide” sur les Etats-Unis.
Face à l’offensive commerciale de Trump lancée début avril, les Chinois décidèrent de rendre coup pour coup.
On se souvient des échanges de gnons avec des taxes douanières de part et d’autres toujours plus élevées… avant d’atteindre des niveaux stratosphériques (de facto un blocus)… puis un “gel”, une “pause” afin… de négocier.
La manière forte que Trump affectionne tant… NE PEUT PAS FONCTIONNER avec la Chine. Le président américain s’y cassera les dents, c’est une certitude…
Toutes les problématiques sous-jacentes à la “guerre commerciale” (monnaies, industrie, réserve de changes, réserves d’or, produits stratégiques, etc.) sont étudiées, préparées, calibrées, découpées en rondelles depuis des années par Pékin, dans le cadre d’une véritable guerre 360 ° menée contre l’Occident.
Ainsi, Pékin n’a pas hésité à tirer une autre balle avec son arme anti-américaine : les terres rares… Et en particulier celles utilisées pour fabriquer des aimants.
On pense à nos aimants de gamins sur les portes des réfrigérateurs. En réalité, ils sont très utilisés en version industrielle pour la défense, l’automobile, l’électroménager etc.
La Chine jouit d’un quasi monopole sur nombre de ces matériaux (lire ici).
Pékin a donc fermé le robinet en limitant les exportations… alors même que les “négociations” se poursuivent avec Washington…
C’est très VIOLENT. Et surtout… très CONCRET.
Un exemple : durant les trois dernières semaines, Ford a dû faire tourner au ralenti plusieurs de ses usines outre-Atlantique… et a même arrêté la production de certains modèles en raison de la pénurie d’aimants (source Bloomberg).
En mai les exportations d’aimants chinois ont chuté de 70 % par rapport à mai 2024 (source) !
Il faut souligner qu’en même temps, les deux superpuissances discutent le bout de gras et donc “négocient”. Il est loin le temps où les Etats-Unis pouvaient agir unilatéralement. La Chine désormais n’hésite pas à frapper. Là où ça fait mal. Tout en discutant avec de grands sourires.
Cette agressivité -nouvelle, froide, automatique- n’en finit pas d’étonner les Occidentaux. Après tout, nous sommes les maîtres du monde, n’est-ce pas ? Les patrons, c’est nous !
Des clous.
C’est fini depuis un quart de siècle… Hélas, nous sommes encore nombreux à ne pas avoir reçu le mémo.
POST-SCRIPTUM
Cette agressivité, ce “un prêté pour un rendu”… ne concerne pas uniquement le commerce international. La Chine soutient ainsi la Russie, économiquement, militairement, directement et indirectement (via Corée du Nord) face à la guerre américaine menée en Ukraine.
Si l’opération en Iran a fait pschiit dans un feu d’artifices de farces et attrapes et d’explosions de GBU-57… c’est non seulement parce que Téhéran a sérieusement botté le cul délicat des Israéliens… mais c’est aussi parce que la Russie et la Chine ont envoyé des messages : no pasaran.
Tu me chatouilles en Ukraine, je te gratouille en Israël… A proxy, proxy et demi… A ce petit jeu, pic et pic et colégram, tu vas perdre.
Là encore la naïveté des Occidentaux est consternante. On peut toutefois mettre au crédit de Trump d’avoir… très rapidement rangé le roquet psychotique Netanyahou dans sa niche (avant sa cellule de prison)…
Nous devons enfin prendre la mesure du nouveau contexte géopolitique qui définit le 21ème siècle (la réémergence de la Chine, sous sa forme impériale et parallèlement la chute de l’empire américain), mais il faut surtout comprendre que la guerre entre les deux blocs se poursuivra sur tous les domaines, tous les théâtres et dans toutes les dimensions.